Depuis les années 1990, la bande dessinée emprunte de plus en plus les chemins du reportage. Rarement journalistes, les dessinateurs qui s’emparent aujourd’hui du réel réinventent l’investigation et interrogent les frontières du journalisme.
La figure du reporter est centrale dans l’histoire de la bande dessinée : de Tintin reporter au Petit Vingtième à Fantasio, le journalisme est l’une des figures fictionnelles fondatrices de la bande dessinée du XXe siècle. Longtemps publiée dans la presse, la bande dessinée puise dans le journaliste un modèle d’identification, et un ressort narratif puissant. Par sa vocation – témoigner, rapporter au public des faits réels – le journaliste est ainsi habilité à parcourir le monde et à faire partager ses découvertes auprès de ses petits lecteurs, offrant une matrice narrative centrale pour la bande dessinée. Depuis deux décennies au moins, la mutation des publics et des formes de la narration graphique a fait du journaliste bien plus qu’une simple facilité narrative : le reportage est aujourd’hui installé au cœur de la pratique de la bande dessinée. Mais qu’est-ce que raconter le réel en images ? En quoi le journalisme travaille-t-il la bande dessinée en même temps que le dessin travaille le journalisme ? Petit historique et bref tour d’horizon des principales tendances de cette nouvelle bande dessinée du réel.
BD-reportage : une étiquette récente pour un genre ancien
En décembre 2006, le centre Pompidou consacre une exposition aux nouveaux territoires où la réalité rattrape la bande dessinée. BD-reportage, reportage dessiné : depuis une bonne dizaine d’années, l’écho rencontré par la « bande dessinée du réel » est considérable. Pourtant, la bande dessinée entretient depuis ses débuts des liens étroits avec la représentation du réel. Dès 1845, le Genevois Rodolphe Töpffer que l’on peut considérer comme l’inventeur de la narration graphique dans sa forme actuelle, prend parti dans les conflits politiques de son temps avec L’Histoire d’Albert, satire des mœurs des révolutionnaires affiliés aux carbonari. L’imagerie d’Épinal propose, à la fin du XIXe siècle, de nombreuses planches documentaires. Cet ancrage dans le réel, longtemps souterrain, revient aujourd’hui sur le devant de la scène éditoriale et créative. Quelles sont les racines de cette nouvelle bande dessinée du réel, et en quoi propose-t-elle une formule narrative neuve ?
Des racines multiples
En soi, la démarche du reportage dessiné n’a rien de véritablement nouveau. Lorsque, dans les années 1960, la bande dessinée renoue avec des thématiques et un lectorat adultes, le reportage et le documentaire sont l’une des voies de réinvention de la bande dessinée. Aux États-Unis, les sketchbook reports de Robert Crumb sur Harlem et la Bulgarie, publiés en 1965 dans Help, magazine dirigé par Harvey Kurtzman, sont l’une des manifestations de la recherche de voies graphiques pour le journalisme.
En France, Hara Kiri hebdo puis Charlie Hebdo contribuent à réinventer le reportage dessiné en prônant une nouvelle écriture graphique : Cavanna revendique l’élaboration d’un « genre maison » : « pas vraiment de la bande dessinée avec ses cases, ses bulles et son découpage-cinéma, mais quelque chose de beaucoup plus leste, de beaucoup plus enlevé […] c’était, si l’on veut, une écriture dessinée, apparemment bâclée comme un croquis ». Cabu, chargé dans la revue de l’armée le Bled de publier des « impressions dessinées », y pratique le reportage : manifestations pacifistes, festivals de jazz, meetings électoraux. Manifeste utopiste, L’An 01 de Gébé peut aussi être perçu comme une forme inédite d’engagement politique par la narration graphique. À la croisée du roman-photo, du documentaire social et de la bande dessinée, Gens de France puis Gens d’ailleurs de Jean Teulé offre, dans les années 1980, une voie inédite pour raconter le monde. Ces initiatives sont cependant restées assez isolées, et c’est dans les années 1990 et 2000 que le phénomène explose.
Comme le relève Vincent Bernière, on peut trouver une autre origine à cette pratique du terrain par les dessinateurs de bande dessinée, qui brouille les frontières du dessin de presse et du récit en images : le croquis d’audience. La caméra étant interdite dans le prétoire, le journalisme judiciaire est essentiellement passé par l’écrit ; mais le goût pour le croquis d’audience a aussi donné lieu à des projets au long cours, comme Le Procès Papon, que Riss restitue en 144 pages de croquis dans un hors-série de Charlie Hebdo, ou encore Greffier de Joann Sfar, volume de ses carnets consacré au procès des caricatures de Mahomet intenté à… Charlie Hebdo, encore. On pourrait y ajouter la pratique du carnet de voyage, qui a accompagné l’explosion créatrice de la décennie 1990 : le recueil L’Association en Égypte en est l’un des exemples les plus marquants.
Une matrice essentielle : l’autobiographie
Témoignage de soi en même temps que témoignage d’autrui, la bande dessinée de reportage ne renvoie pas nécessairement à un ailleurs lointain
L’autre source essentielle du reportage dessiné se situe assurément dans l’explosion du courant autobiographique dans les années 1990 et 2000, après la publication de Maus d’Art Spiegelman. Témoignage de soi en même temps que témoignage d’autrui, la bande dessinée de reportage ne renvoie pas nécessairement à un ailleurs lointain, comme le relève Björn-Olav Dozo : Cabu multiplie les reportages à Châlons-sur-Marne, où il a grandi et où réside sa famille ; Maximilien Le Roy décrit le quotidien d’un SDF à Lyon. Même lorsqu’il se fait plus lointain, le récit part souvent du quotidien : Guy Delisle, à travers son récit très personnel de ses séjours à Pyongyang et Shenzhen, offre des récits très forts, qui ne sont pas tout à fait du journalisme et plus qu’une seule évocation autobiographique. Art Spiegelman, récompensé pour Maus d’un prix Pulitzer, ne se place ni comme journaliste, ni comme reporter, ni même comme historien ; son terrain, c’est d’abord sa relation avec son père, la mémoire de ce dernier, et c’est à travers cette proximité qu’il explore avec tant de force les traumatismes de l’intime. Les récits de David B., de Marjane Satrapi, de Fabrice Neaud et de bien d’autres ont montré le potentiel des récits individuels à dire le monde, et la capacité de cette bande dessinée en prise sur le réel à conquérir de nouveaux lecteurs.
Cette filiation forte avec l’autobiographie donne l’une des caractéristiques principales au reportage dessiné : la présence de l’auteur. Alors qu’un reportage écrit peut artificiellement camoufler la présence du journaliste, le « je » est présent dans chaque trait de plume : le dessin, expression subjective par excellence, réaffirme donc l’individualité du reporter. Comme le déclare Art Spiegelman, « dans un monde où les caméras mentent, autant prendre son mensonge directement de l’artiste ».
Ce subjectivisme assumé permet de revendiquer la fragilité et les faiblesses du point de vue humain, mais peut-être est-ce là ce qui donne sens aux reportages, comme le souligne Christophe Dabitch : « l’évidente subjectivité qui se dégage d’un reportage dessiné nous permet peut-être de retrouver ce sentiment de réalité dont par ailleurs, du fait de la standardisation, il nous semble nous éloigner. Paradoxalement, la majoritaire image de télévision redonne au symbolique dessin tout son poids d’évocation de la réalité ».
Journalisme dessiné ou dessin documentaire ?
Où commencent et où s’arrêtent, alors, le reportage dessiné et la fiction ? La figure majeure de la bande dessinée d’information, Joe Sacco, constitue assurément un cas limite. Né à Malte, élevé en Australie et aux États-Unis, Joe Sacco étudie le journalisme mais, s’ennuyant dans l’écriture, décide de transposer sa passion pour la bande dessinée au reportage. C’est d’abord Palestine, né fin 1991 après un séjour de deux mois sur place, puis Gorazde, livres suivis de bien d’autres mais qui formalisent la méthode de Sacco : peu de croquis sur le vif, l’auteur travaillant à partir d’entretiens enregistrés, où il essaie d’obtenir d’eux le maximum de précisions sur les scènes qu’ils ont vécues. Médium visuel, la bande dessinée est contrainte à une part d’imagination : le rôle du journaliste s’emparant du dessin est de chercher, selon Joe Sacco, à atteindre une « vérité essentielle » plutôt que de suivre une illusoire vérité « littérale ». Journaliste de formation, Joe Sacco ne s’astreint pas à une recherche d’objectivité, mais revendique sa propre implication : « la politique, l’autobiographie et l’observation sociale ont toujours fait partie intégrante de mon travail ».
Cependant, Joe Sacco communique au lecteur ses doutes et ses interrogations, livrant ainsi au lecteur les clés d’évaluation de son propre travail. Peu d’auteurs pratiquent la mise en scène de soi – et la mise à distance de la prétention à l’objectivité – avec autant de force que Joe Sacco. Le plus journaliste des auteurs de bande dessinée s’inscrit ainsi dans la lignée d’une forme de journalisme gonzo, mais se réclame aussi de George Orwell : « le journalisme le plus captivant […] est également très personnel ». L’affirmation de soi dans le dessin, l’auto-représentation tient chez Joe Sacco à une exigence d’honnêteté intellectuelle : par ce rappel de sa propre présence, le reporter-dessinateur vient nous rappeler la présence du journaliste dans tout échange d’informations, et le BD-reportage se fait ici propédeutique d’une nouvelle exigence de transparence sur la fabrique de l’information.
Et les lunettes vierges avec lesquelles le narrateur se dessine sont à ce titre particulièrement significatives, comme le relèvent Julien Orselli et Philippe Sohet : « Elles renvoient certes à la virginité du regard, la volonté de conserver, par la distance, la capacité à observer. Mais ces lunettes blanches masquent également ses yeux, trahissent tout autant la cécité du regard journalistique au cœur du phénomène conflictuel ». Le succès rencontré par le travail de Joe Sacco a contribué à banaliser la pulsion journalistique de la bande dessinée, au point de faire de cette non-fiction l’un des territoires les plus excitants de la bande dessinée actuelle. Mais de manière frappante, cette bande dessinée de reportage est essentiellement pratiquée par des auteurs de BD – et la maitrise du métier de journaliste y est rare.
En France, Étienne Davodeau s’est imposé comme l’une des figures de proue de cette bande dessinée du réel. Le succès public et critique des Ignorants (2011) ou de Cher pays de notre enfance (2015, avec le journaliste Benoît Collombat) ont couronné un travail au long cours, mené seul (Rural ! en 2001 sur un conflit entre agriculteurs bio et bétonneurs d’autoroute, ou Les Mauvaises gens en 2005, qui brosse l’engagement syndical des parents de l’auteur à la JOC) ou en duo (Un homme est mort, avec Kris, 2006, inspiré du film disparu de René Vautier sur les grèves de Brest en 1950). Pour autant, Étienne Davodeau ne revendique pas une posture de journaliste, mais bien un regard d’auteur. Mais comme Joe Sacco, Étienne Davodeau se met en scène visuellement dans ses propres récits : « l’auteur est à la fois celui qui produit et celui qui vit son récit au travers de la pratique de l’enquête, mais il est également le fil directeur qui donne une unité aux faits rapportés ». Chez Étienne Davodeau, l’auto-représentation permet d’articuler un récit construit sur le mode de l’enquête.
Le succès de ses ouvrages a indéniablement contribué à mettre en lumière des ouvrages plus exigeants, comme le travail de Philippe Squarzoni par exemple. Philippe Squarzoni fait partie des pionniers du genre avec ses Garduno, en temps de paix et Zapata, en temps de guerre, réflexions engagées tirées de ses séjours au Chiapas qui attaquent les pouvoirs financiers, la surconsommation, le rapport aux médias… Philippe Squarzoni se situe résolument à la frontière du reportage, de l’essai et du documentaire, se réclamant de Daniel Mermet ou Ignacio Ramonet, qui préface Garduno.
Mais le plus intéressant chez Philippe Squarzoni est sans doute son rapport à la représentation graphique : il n’hésite pas à s’emparer de sujets particulièrement abstraits, qui le contraignent à forger un langage graphique original, comme dans Saison brune, long décryptage de la nature du réchauffement climatique : les entretiens avec des scientifiques ou des responsables associatifs, restitués comme autant d’instantanés photographiques, alternent avec des citations graphiques du cinéma, de la télévision ou de publicités, autant de matrices d’un imaginaire du monde dont Philippe Squarzoni s’empare pour déconstruire une culture visuelle consumériste.
Le reportage dessiné a comme singularité d’être, souvent, particulièrement militant
Le reportage dessiné a comme singularité d’être, souvent, particulièrement militant : de Philippe Squarzoni relayant son engagement auprès d’Attac et des communautés du Chiapas à Maximilien Le Roy qui dans Faire le mur prend fait et cause pour les Palestiniens aux terres et aux vies grignotées par la colonisation israélienne, cet engagement par le dessin prolonge le dessin militant pratiqué déjà dans Charlie Hebdo.
Bande dessinée et presse d’information
Mais le plus frappant dans cette extension du domaine de la non-fiction réside sans doute moins dans le travail de tel ou tel auteur, que dans la manière dont le mouvement redéfinit les lignes de force dans la presse. La presse généraliste emploie périodiquement la bande dessinée comme produit d’appel : Libération a envoyé Robert Crumb à Angoulême; en novembre 2010, Le Monde diplomatique sort un hors-série en bande dessinée, ouvrant ses pages à Lisa Mandel, Maximilien Le Roy, Jochen Gerner, Morvandiau… Le quotidien suisse Le Temps, quant à lui, ouvre trois à quatre fois par an ses pages à son dessinateur-vedette, Chapatte, pour des reportages au long cours.
Au-delà des initiatives plus ou moins ponctuelles, la création en 2008 de XXI manifeste une volonté de décloisonner les écritures journalistiques, et de faire de la bande dessinée, à égalité avec l’écrit ou la photographie, un outil de compréhension du réel. Chaque numéro fait ainsi appel à un dessinateur pour un reportage de 30 planches. Jacques Ferrandez, Joe Sacco, Jean-Philippe Stassen, Emmanuel Guibert et bien d’autres se sont emparés de cette proposition éditoriale.
La publication qui a sans doute le plus œuvré au déplacement des lignes dans le domaine du reportage dessiné est cependant La Revue dessinée, qui a prolongé et radicalisé le pari de XXI d’une information passant par le dessin. Plutôt que le mélange des écritures propre au trimestriel dirigé par Patrick de Saint Exupéry, La Revue dessinée a fait le choix de la seule bande dessinée pour présenter des reportages. S’appuyant sur le modèle du mook, La Revue dessinée propose quatre numéros par an qui varient angles, formats et approches. Avec 15 000 exemplaires vendus par numéro, la revue a su s’installer solidement dans le paysage. Gaz de schiste, trafic d’armes, partenariats public-privé, finance environnementale, formation des cadres du Front national, flash-balls… l’éventail des sujets est vaste.
La bande dessinée est aujourd’hui plus que jamais en prise avec le réel. Le reportage est l’un des territoires privilégiés par lesquels la bande dessinée témoigne de sa capacité à s’emparer d’autres registres. Entre le reportage, le documentaire et le récit de soi, la bande dessinée d’enquête brouille les frontières, travaille les genres. Plus largement, c’est l’ensemble du territoire de la non-fiction qui se voit approprié par les écritures dessinées. Le lancement de la collection « Petite bédéthèque des savoirs », qui associe spécialistes d’un thème et auteur de bande dessinée (Emmanuel Pierrat et Fabrice Neaud sur le droit d’auteur, Hubert Reeves et Daniel Casanave sur l’univers…) participe de ce mouvement, tout comme la récente collection « Sociorama » de Casterman, qui adapte des thèses de sociologie sous forme de bande dessinée. La bande dessinée déploie aujourd’hui l’éventail de ses possibles à représenter le monde et interroger notre visualité, tout comme elle devient un outil d’investigation scientifique à part entière.
par Sylvain Lesage – Première publication le 18 janvier 2017 – Publié en juin 2023 par La Revue des Médias.
Références
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Crédits :
Couverture du n°14 de La Revue dessinée. Avec l’aimable autorisation de La Revue dessinée.
Extrait d‘Histoire d’Albert de Rodolphe Töpffer. Gallica.bnf.fr. Bibliothèque nationale de France.
Couverture de Greffier, de Joann Sfar. Avec l’aimable autorisation des éditions Delcourt.
Couverture de Palestine, de Joe Sacco. © Joe Sacco – Rackham. Avec l’aimable autorisation des éditions Rackham.
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