« En fait on ne fait pas mieux que les autres »

Après quelques années d’abstinence (depuis la sortie de notre livre Le vide à moitié vert, toujours disponible), voilà qu’on replonge pour de bon dans le marigot de la politique grenobloise. Dans les derniers numéros, on s’est plusieurs fois moqué des élus récemment exclus de la majorité Piolle, feignant de découvrir la véritable nature autoritaire du maire écolo après avoir passé des années sans moufter à ses côtés. Dans celui-là, on donne la parole à l’un d’entre eux, Hakim Sabri, ancien fidèle adjoint aux finances.

« Par manque de moyens, l’école devient un lieu insécurisant »

On n’apprend pas tous sous la même étoile. Si le problème des profs non remplacés touche un peu tous les établissements scolaires, il sévit particulièrement dans les écoles des quartiers défavorisés. Comme on peut le voir avec ce récit de la descente aux enfers d’une année scolaire à Léon Jouhaux.

Et maintenant, les e-classes !

Alors oui certes, de plus en plus souvent, des classes se retrouvent sans enseignant, malgré les belles paroles de la Macronie. Mais comme on est dans la start-up nation, il y a par contre de plus en plus de tablettes dans les salles de cours. Un professeur de la cuvette raconte l’arrivée d’une « e-classe » dans son bahut — et l’impossibilité d’avoir un débat avec l’équipe enseignante sur l’intérêt et les limites de la numérisation de l’enseignement.

Massacre à la tronçonneuse

Peu importe son prénom : notre interlocuteur est bûcheron depuis une vingtaine d’années dans les forêts iséroises. Une période assez longue pour observer l’invasion des grosses machines et l’accélération de la course à la rentabilité et à la productivité, qui détériorent les conditions de travail et les forêts.

Les limites de l’Adate

Dans le dernier numéro, on consacrait une pleine page au « jardinier artificiel » Jean-François Clappaz, bétonneur en chef de la vallée du Grésivaudan depuis son poste de vice-président de la communauté de communes en charge du « développement industriel ». Des lecteurs nous ont signalé qu’on avait omis d’évoquer toute une partie de son œuvre… réalisée sous une autre de ses casquettes, celle de président de l’association Adate, une association d’aide aux étrangers.

« Les gens rentraient ici comme ils rentrent chez eux »

51 années de service, à bosser quinze ou seize heures par jour. En 1972, Bachir ouvrait son restaurant Le Couscous, en plein centre ville de Grenoble. Début juillet, cette institution de la rue de La Poste a baissé le rideau. L’occasion de demander à Bachir de raconter son histoire, entre rapport paradoxal à la France, fierté du travail accompli souvent, et yeux embués parfois.

Les grenoblois esclavagistes

Grenoble n’est pas Bordeaux ou Nantes. Modeste bourgade jusqu’à la révolution industrielle et l’invention de la « houille blanche » au XIXème siècle, rien ne relie a priori la capitale des Alpes à l’esclavagisme. Et pourtant : tout au long du XVIIIème siècle, des familles grenobloises se sont grassement enrichies grâce au commerce avec les Caraïbes, et la possession de centaines d’esclaves. Retour sur ce pan méconnu de l’histoire locale.

« guerre des puces » : Grenoble à la traîne

« À Grenoble, en Isère, nous sommes au centre du monde, du moins pour la fabrication des puces. » Voilà comment commence le film de propagande départemental « La microélectronique en quête de talents », destiné à être diffusé partout en France. La Silicon Valley grenobloise est-elle vraiment au « centre du monde pour la fabrication de puces », ou est-ce une fable racontée pour faire croire à la solidité de cette industrie locale et « attirer des talents  » ? Une fois n’est pas coutume, Le Postillon s’égare dans des considérations géopolitiques pour évoquer brièvement la fameuse « guerre des puces » guidant la course à l’armement mondiale. Où l’on voit que, malgré les milliards d’argent public déversés, les usines du Grésivaudan sont très loin de rivaliser avec les géants du secteur. Et que plutôt que de vouloir faire semblant de jouer dans la cour des grands, la seule solution raisonnable est la désertion de cette fuite en avant technologique.

« On est de plus en plus des presse-boutons »

2,9 milliards d’euros d’argent public pour « seulement » 1 000 emplois. L’annonce de l’extension de STMicroelectronics présente le plus mauvais ratio investissement public / emplois créés de l’histoire de l’industrie. Pourquoi ? Dans les salles blanches de la filière microélectronique, il y a de plus en plus de robots, de moins en moins d’humains. À quand un ratio nombre de robots installés par million d’euros d’argent public ?
En attendant, il y a encore des milliers d’opérateurs et techniciens dans les salles blanches de STMicro et de Soitec. Le Postillon a recueilli les témoignages de cinq d’entre eux – ayant préféré rester anonymes – pour donner une véritable idée de ces métiers « déshumanisants ».

Désertions d’ingénieurs : mieux vaut prévenir

Quel gâchis, les « désertions » d’ingénieurs, de plus en plus tendance ! Un bourrage de crâne depuis le plus jeune âge pour cette « voie royale », cinq années (ou plus) d’études coûteuses pour la société, des projections d’une « vie réussie » et patatras : tout ça pour « tout plaquer » et apprendre à planter des carottes à 34 ans. Mieux vaut prévenir et faire réfléchir les futurs cadres de l’industrie microélectronique à la réalité de leurs métiers. Voilà donc quelques témoignages d’actuels ou anciens techniciens, ingénieurs, ou cadres de Soitec ou STMicro (eux aussi anonymes), insistant sur le manque de sens, et les inepties de leur métier.

Bientôt des algues vertes dans l’isère ?

Quantité de Grenoblois traversent la France chaque été pour aller prendre le frais en Bretagne. Mais, bientôt, peut-être, la Bretagne viendra à nous grâce aux algues vertes ! ST et Soitec ont le droit de rejeter chaque jour des quantités hallucinantes d’azote et de phosphore dans l’Isère, des substances responsables de « l’eutrophisation » et du développement des algues vertes. Alors oui, les multinationales, en tout cas jusqu’à preuve du contraire, « respectent les seuils » : le problème, c’est que ces seuils, définis par arrêtés préfectoraux, sont incroyablement élevés…

Faut-il « tout plaquer » ?

Alors qu’elles existent depuis des dizaines d’années, les désertions d’ingénieurs sont dernièrement devenues « tendance », pour le meilleur, et pour le pire. Pour contrecarrer les jolis storytellings de déserteurs suscitant une certaine complaisance médiatique (Le Postillon n°47 avait d’ailleurs été précurseur avec un dossier « Ingénieurs : pourquoi ? » il y a cinq ans), une ingénieure n’ayant « pas pour plan de carrière de déserter (oui, c’est possible !)  » publie aux éditions Le Monde à l’envers (octobre 2023) un court pamphlet titré « Tout plaquer ». Le sous-titre, plus explicite : « la désertion ne fait pas partie de la solution… mais du problème  », est représentatif des limites du positionnement de l’autrice qui apporte néanmoins quantité d’éléments de réflexion originaux.

La science peut-elle se rebeller ?

Depuis un an, un nouveau groupe militant s’immisce dans le débat public grenoblois et national : les Scientifiques en rébellion. Interview contradictoire avec les maquisards des labos.

Arrêter de nourrir le dragon

Au centre d’art contemporain Le Magasin de Grenoble, les performances sont souvent plus intéressantes à l’extérieur qu’à l’intérieur. Un lecteur nous envoie ce récit d’une œuvre spontanée réalisée début juin.

Le procès

À l’UGA, dans les filières informatique, on fait de l’IA, on fait de la robotique, mais surtout pas de politique (le numérique étant neutre). Tout ça est laissé aux sciences molles, même si on ne les écoute pas de toute façon, vu que ce ne sont pas des sciences, des vraies. Notre chroniqueur mathématicien a quand même tenté le coup. L’université lui a même donné le droit de le faire, open-bar !, jusqu’à ce que ses supérieurs comprennent qu’il avait laissé ses élèves « parler entre eux »… du monde, de l’avenir, du délire numérique. Ça, il n’avait pas le droit. Entre injonction au changement et exigence de ne surtout rien changer, récit du « Procès » kafkaïen qui suivit.

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