L’heure de la contre attaque !
Louis Aliot a été condamné à six mois ferme pour détournement de fonds publics, mais il continue à gérer Perpignan avec ses copains néo-fascistes et son directeur de la police… qui nous attaque en justice. Il va sans dire que cela n’entame en rien notre détermination à combattre l’extrême droite où qu’elle se trouve…
Ce 22 mars à Perpignan, c’était le seul jour de beau temps entre deux pluies, comme une invitation à rejoindre la manifestation contre le racisme et la fascisme. Y ont répondu présent·es les féministes, les coco, les antifas, les anars, les trotskistes, les insoumis, les syndicalistes, les pro-palestiniens… Des Noirs, des Arabes, des Blancs de toutes générations, chantant de plus belle au moment de traverser les quartiers populaires derrière une banderole de tête bien inspirée : « Bienvenue aux migrant·es, chez nous c’est chez vous ! » Une militante nous lâchait alors : « Tu sens que ça fait du bien aux gens de montrer qu’il n’y a pas que des fachos ici. C’est con mais j’ai trouvé ça beau. Et cette banderole en début de cortège, non encartée, ben c’est assez émouvant dans ce contexte pourri ». Preuve, s’il en fallait, que la ville de Perpignan ne se résume pas à l’extrême droite installée à la mairie et à son électorat.
La police municipale au tribunal
Néanmoins, celle-ci fait des dégâts. En octobre 2023, notre enquête, « Purge sur la ville » dénonçait la politique de Louis Aliot et « son idéologie autoritaire, raciste et anti-féministe » : origines néofascistes et antisémites du parti, liste de collaborateur·ices passés par des groupes néofascistes et intégristes1, propositions libérales pour courtiser la bourgeoisie locale, nostalgie de l’Algérie française et des terroristes de l’OAS, violence de sa politique antisociale. Mais c’est sur notre critique de sa stratégie sécuritaire que cette mairie RN a trouvé matière à nous traîner en justice. La police municipale constituée de près de 200 hommes, équipés de flashballs et d’une insigne arborant une tête de mort typique des réseaux néofascistes, a été épinglée par une enquête2 du média Blast, avec des vidéos d’interpellations violentes. Nous dénoncions alors un « véritable harcèlement de la population mis en place dans les quartiers populaires ». Au passage, nous relevions qu’Aliot avait « embauché un caïd de la police nationale parisienne, Philippe Rouch, qui enchaîne les saisies de drogues, largement médiatisées ». C’est cette phrase que le chef de la police municipale considère injurieuse et qui nous vaut d’être mis en examen par la juge d’instruction de Perpignan.
Blast a aussi été attaqué par Aliot pour son enquête, mais le 3 avril le tribunal de Perpignan a relaxé la rédaction. Par contre, les vidéos du média ont permis de condamner un policier municipal à six mois de prison avec sursis et deux ans d’exclusion de la profession. Lors de l’audience, en mai 2024, Philippe Rouch affirmait pourtant à L’Indépendant : « Nous ne changerons pas nos méthodes ». À la mi-février 2025, quatre de ses hommes ont été mis en examen pour agression sexuelle à l’encontre d’un jeune de 23 ans lors de son interpellation. Tandis que Louis Aliot exprime son soutien à ses hommes « traités comme des coupables » en lisant en plein conseil municipal le tract du syndicat de policiers exigeant leur « libération immédiate » et « le lavement de leur honneur », Philippe Rouch, « choqué », ordonne à ses agents d’arrêter leur travail de terrain en solidarité avec leurs collègues…
Les bouffes-galettes
Une fois n’est pas coutume, c’est la justice qui aurait pu pousser l’affreux vers la sortie, suite au procès sur les emplois fictifs du RN. Les avocats frontistes ont tout fait pour retarder la procédure, et nous voilà plus de dix ans après : le 31 mars, Aliot est condamné à six mois ferme, douze mois de sursis, trois ans d’inéligibilité et 8 000 euros d’amende. Mais cette peine est provisoire dans l’attente de l’appel. Il reste donc maire de Perpignan alors même que lui et ses comparses lepénistes sont condamnés pour avoir détourné plusieurs millions d’euros. Concernant l’assistant parlementaire qu’il a embauché de juillet 2014 à octobre 2015, Aliot a d’abord soutenu que celui-ci avait pour tâche la gestion de son agenda, puis il a changé de version, en évoquant une fiche de poste se résumant à trier son courrier. Dans le cadre de ce prétendu travail, ce dernier n’a échangé qu’un seul et unique sms avec son employeur Louis Aliot… à propos de l’organisation d’une galette des rois !
Bien évidemment, si ce genre de verdict nous ravit, ce n’est pas dans les tribunaux qu’on mettra fin à la montée en puissance du RN. Des militant·es avaient ainsi organisé un rassemblement à la mi-mars pour exiger le retrait de la plaque « Pierre Sergent » : en février dernier, le tribunal a en effet annulé la décision de la mairie de baptiser une place de Perpignan du nom de cet ancien cadre de l’OAS, une organisation terroriste de défense de l’Algérie française. En 2023 déjà, le collectif des Effrontées avait rebaptisé la place du nom d’un militant communiste assassiné en 1957, Maurice Audin, et d’interpellé Aliot : « Vous avez été formé politiquement par une organisation abritant des nostalgiques du IIIe Reich, des terroristes de l’OAS, d’ex-activistes ultra-violents du syndicat étudiant du GUD, des bataillons d’intolérants.» Et le RN n’a pas changé, sa « dédiabolisation » est une supercherie : ce sont des gens dangereux qu’il faut combattre, partout où c’est possible. Procès ou pas, nous continuerons notre travail d’information sur l’extrême droite, qu’elle soit dans les dix-sept villes tenues par le RN, à l’assemblée ou dans des groupuscules néofascistes éparpillés sur le territoire. Et nous resterons le relais de toutes les luttes pour combattre ces fous de dieu et de la France pétainiste éternelle.
Vive la presse libre, vive la résistance antifasciste !
L’équipe de l’Empaillé
1Le n°1448 de La Semaine du Roussillon, en juin 2024, enquêtait sur la proximité d’Aliot et de ses conseillers et adjoints avec des militants d’ultra droite ou du milieu catholique intégriste. L’hebdo faisait état de la présence de certains d’entre eux à des messes en hommage à Louis XVI à Perpignan en présence du gratin néo-fasciste et royaliste local.
2 « Contrôles au faciès, interpellations violentes, menaces : À Perpignan, la sale besogne de la « milice municipale » de Louis Aliot », 8 mai 2023.