La Cour des Comptes met en place une plateforme citoyenne qui permet à chacun de proposer des thèmes de contrôle et d’enquête pour les juridictions financières. En tant que média indépendant, Le Poing s’est associé à une demande d’audit sur les aides à la presse en Occitanie.
Vous pouvez nous aider : vous avez jusqu’au 4 octobre pour voter afin que notre proposition fasse l’objet d’un éventuel rapport !
https://participationcitoyenne.ccomptes.fr/processes/consultation-2024/f/77/proposals/2148
Au Poing, voilà plus de dix ans maintenant que nous sommes engagé en faveur de l’indépendance de la presse. En novembre dernier, nous portions, avec une centaine d’autres médias et organisations de
journalistes, 59 propositions pour réformer la presse, et parmi elles, le conditionnement des aides à la presse au respect des obligations de transparence : publication annuelle des comptes par titres, des
actionnaires directs et indirects, des aides directes publiques et privées perçues et de leur utilisation.
Et on a pris l’habitude de le documenter localement ces derniers mois : on constate que l’attribution d’argent public par les collectivités aux grands médias locaux se fait dans l’opacité, notamment dans des synthèse de délibération de Conseil de Métropole, donc en dehors de tout cadre démocratique de débat par et de vote lors de ces instances. Par exemple, en juillet dernier, on révélait que la Métropole de Montpellier avait acheté pour 200 000 euros de reportages à la chaîne Via Occitanie, du groupe la Dépêche, et ce, sans vote au Conseil de Métropole.
Outre le fait qu’on pense que les grands médias possédés par des millionnaires ne devraient pas toucher d’argent public (Jean Michel-Baylet, le patron du groupe la Dépêche, faisait partie des 500 plus grosses fortunes professionnelles de France en 2007 selon le magazine Challenges, avec 61 millions d’euros), le Poing partage une certaine crainte citoyenne quant à la collusion politico-médiatique liée à ces aides.
Car en plus d’être un patron de presse très influent dans le sud-ouest, Jean-Michel Baylet est un homme politique. Ancien président du Parti radical de gauche (allié historique du PS) et ministre sous le gouvernement Valls, l’homme gravite aujourd’hui autour des restes du parti socialiste opposés à la NUPES.
Il a notamment apporté son soutien à l’ancien ministre Bernard Cazeneuve, lui-même proche de Carole Delga, présidente de la région Occitanie et de Anne Hidalgo, allant jusqu’à s’afficher en photo dans
son propre journal accompagné de ses alliés. Un mélange des genres entre pouvoir politique et pouvoir médiatique que le natif de Toulouse, aujourd’hui conseiller Départemental du Tarn-et-Garonne, sait cultiver : en 2016, le PoinT évoquait le fait que son groupe de presse avait gagné le marché de l’édition du journal de la région Occitanie, contrôlé par le PS, allié du parti radical de gauche.
Alors quand on nous a dit qu’on pouvait saisir la Chambre Régionale des Comptes Occitanie pour demander un audit, on s’est dit qu’on avait une occasion de rétablir la transparence que nous réclamons. Il s’agirait, pour La Cour Chambre Régionale des Comptes Occitanie d’analyser les types d’aides directes et indirectes (publicité, publireportage, événementiel, annonces légales) dans notre région afin d’identifier des mécanismes et de comprendre leur ampleur et part dans les revenus des médias locaux en ciblant les grandes collectivités d’Occitanie (Région, départements et principaux EPCI). Et ce, quel que soit le type de
contractualisation : marché public, convention de partenariat hors marché public, marché réservé, prestation, DSP…
Pour cela, ça ne tient qu’à vous : vous avez jusqu’au 4 octobre pour voter afin que notre proposition soit étudiée par la Chambre, donc à vous de jouer !
https://lepoing.net/vers-un-audit-de-la-chambre-regionale-des-comptes-sur-les-aides-a-la-presse-en-occitanie-a-vous-de-jouer/
Contact presse : Elian Barascud 06 30 72 95 10
Corps de la contribution
A l’heure où la défiance envers les médias grandit, (plus d’un français sur deux n’a pas confiance en la presse selon le baromètre annuel publié par le journal La Croix), la question des médias et plus précisément la transparence des aides publiques allouées à la presse régionale se doit d’être centrale dans le débat public. La bonne santé d’une démocratie peut se mesurer à l’indépendance de sa presse, or en Occitanie, comme dans le reste du pays, nous assistons à deux phénomènes qui peuvent mettre à mal cette précieuse liberté. D’un côté le secteur de la presse, surtout écrite, est en crise : Les plans de licenciements sont réguliers (45 postes à Midi Libre en 2022) et de nombreux médias disparaissent, accroissant ainsi les monopoles et le besoin d’autres sources de revenus. De l’autre il se développe de nouvelles relations entre médias et institutions par le biais de publireportages, d’appui à la communication, d’événementiel et de fondations. Un cocktail idéal pour mettre à mal l’indépendance des médias. La Cour Chambre Régionale des Comptes Occitanie pourrait analyser les types d’aides directes et indirectes (publicité, publireportage, événementiel, annonces légales) dans notre région afin d’identifier des mécanismes et de comprendre leur ampleur et part dans les revenus des médias locaux en ciblant les grandes collectivités d’Occitanie (Région, départements et principaux EPCI). Et ce, quel que soit le type de contractualisation : marché public, convention de partenariat hors marché public, marché réservé, prestation, DSP… Aujourd’hui, ce travail de transparence est rendu impossible par les citoyens et échappe même à la décision démocratique pour les oppositions. De Toulouse à Montpellier, il semble que de bon nombre des aides directes ou indirectes à la presse se font sans débat démocratique via des synthèses de délibérations ou sont camouflées dans les budgets alloués à communication. En voici un exemple : Synthèse des décisions du Conseil municipal de Montpellier du 26 mars 2024 : La Gazette de Montpellier se voit accorder un marché public par la Ville de Montpellier, via la direction de la communication, pour la “Conception, réalisation, impression et la diffusion d’un supplément de 48 pages ayant pour thème “la Ville à hauteur d’enfants” pour un montant de 87 200 € HT” et pour une durée de 6 mois à compter de sa date de notification.” De plus, la crainte citoyenne de collusion politique est réelle dans notre région, plusieurs fois mentionnée ou questionnée dans la presse nationale. A titre d’exemple, le puissant groupe de presse, La Dépêche du Midi (243 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2015), possède sept journaux papiers et une web-télé, et a des parts dans un hebdomadaire héraultais, la Gazette de Montpellier. Ce groupe bénéficie régulièrement d’aides à la presse, directes ou indirectes de la part de différentes collectivités et a surpris quelques médias nationaux par ses méthodes et contrats : — En 2010, le journal Libération soulignait que la rédaction de Midi Libre appuyait trop la candidature du socialiste George Frèche à la Région Occitanie – En 2016, le Point questionnait le fait que le groupe la Dépêche ait gagné le marché de l’édition du journal de la région Occitanie, évoquant une collusion politique (https://www.lepoint.fr/politique/les-bonnes-affaires-du-groupe-de-jean-michel-baylet-avec-la-region-occitanie-23-09-2016-2070675_20.php (Lien externe))
Pour soutenir la demande d’audit c’est ICI !